Inscription à la newsletter des Bamboches
L'ANALPHABETE

de Agota Kristof
Spectacle pour adultes et adolescents


Jeu :
Production :
Anne-Laure Luisoni
Anne-Laure Luisoni

L’Analphabète est publié au Editions Zoé.



POURQUOI CRÉER CE TEXTE, Anne-Laure Luisoni

Pourquoi porter à la scène un texte autobiographique qu’Agota Kristof ne destinait pas à être joué , qu’elle prétend même ne pas aimer !?

- parce qu’Agota Kristof, en évoquant et auscultant son parcours, met les nôtres en perspective.

- parce qu’exilée en Suisse, et avant d’être révélée comme un des grands écrivains francophones contemporains, elle est ouvrière en usine, ou « analphabète dans un désert social et culturel », son parcours nourrit son œuvre, à l’instar de Vaclav Havel,. Ce texte autobiographique est formé de onze courts et denses chapitres, de onze « petites » histoires qui se tricotent avec la « grande » Histoire . :


Elle nous parle de son enfance frugale, dans un village hongrois, avec la «maladie inguérissable» de la lecture et le goût précoce et impérieux de raconter des histoires, puis celui d’écrire, « pour  supporter la douleur de la séparation».

Elle nous parle d’exil(s) : exil du village, de l’enfance et de la fratrie, vers la ville et l’internat, exil de la langue maternelle hongroise, vers le russe (1945), puis vers le français (1956), exil de la Hongrie vers la Suisse, exil de la vie lettrée universitaire vers la vie ouvrière, exil de l’anonymat vers la reconnaissance littéraire.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Du ventre maternel à l’ultime exhalaison, nos exils nous constituent.

Nos identités, notre dignité, donc notre humanité, passent par leur considération.

Anne-Laure Luisoni



L'AUTEURE

Agota Kristof , est née en 1935 à Csikvand / Hongrie. Elle vit depuis 1956 en Suisse romande. Elle a d'abord travaillé dans une usine où elle a appris la langue de sa patrie d'élection, avant de se faire un nom comme écrivaine de langue française. Son premier roman Le grand Cahier publié en 1987 a connu un grand succès et a été honoré du titre Livre Européen. Ce roman est traduit en allemand (Das grosse Heft) tout comme La preuve (Der Beweis) et, Le troisième mensonge (Die dritte Lüge).Dans cette trilogie à facettes multiples, se mêlent sans qu'on puisse toujours les distinguer, fiction, réalité et mensonge.

L’Analphabète, son premier récit autobiographique paraît en 2004.




Extrait de la postface de « Où es-tu Matthias ? » de Agota Kristof, éditions Zoe, 2005

"L'écriture ne m'aide pas. C'est presque suicidaire. Ecrire c'est la chose la plus difficile au monde. Et pourtant c'est la seule chose qui m'intéresse. Et pourtant elle me rend malade".1.

Lorsqu'en 1956 le hasard des répartitions de réfugiés la fait arriver à Neuchâtel, après avoir fui, avec son mari, l'écrasement de la Hongrie par les troupes soviétiques, Agota Kristof n'a que vingt et unans, un bébé de quelques mois et un dictionnaire, seule arme pour affronter à la fois un monde nouveau dont elle ignore tout, l'exil, la solitude, l'écartèlement de la nostalgie et l'éreintante monotonie d'un travail en usine. Pourtant, celle qui lisait déjà à quatre ans et écrivait ses premiers poèmes à quatorze reste profondément persuadée d'une chose : "Ce dont je suis sûre, c'est que j'aurais écrit, n'importe où, dans n'importe quelle langue. 2 Le destin lui donne le fraçais; ellel 'accepte comme défi, "le défi d'une analphabète", 3. qui ne peut alors ni lire ni écrire dans cette langue "ennemie" 4 vampire de sa langue maternelle, mais dont elle fera celle de son oeuvre. Le p assage, toutefois n'est pas immédiat et Agota Kristof continuera à composer en hongrois des poèmes qu'elle insérera pour certains, transposés en prose, dans Hier 5, ce roman construit de chapitres alternativement oniriques et narratifs. Lorsqu'on l'interroge sur le temps que lui a demandé son apprentissage du français, elle a cette réponse à l'irognie implicite qui est sa marque : "Pas très longtemps. Seize ans.".6

C'est à partir de 1970-1971 qu'elle rédige, directement en français, ses pièces de théâtre, jouées à Neuchâtel par des troupes d'amateurs. C'est aussi l'époque de ses premières nouvelles, qui ne seront publiées qu'en 2005 7

En 1986, Agota Kristof est une quasi inconnue dans le monde des lettres lorsque éclate le succès de son premier roman, Le Grand Cahier, suivi de La Preuve en 1988 puis du Troisième Mensonge qui viendra clore en 1991 sa fameuse trilogie des jumeaux 8.

Elle devient l'un des écrivains francophones les plus lus et les plus traduits (en 33 langues) et s'attache un lectorat universel, à la fois subjugué et dérouté par une écriture aussi minimaliste qu'implacable, refusant tout artifice pour rendre au plus près la violente et dramatique noirceur de la vie telle que la conçoit Agota Kristof. Il est vrai que pour elle "un livre, si triste soit-il, ne peut être aussi triste qu'une vie."9.

L'obsession de l'écriture, omniprésente dans son oeuvre (presque tous ses personnages écrivent, voire meurent de ne pas écrire) et dans sa vie ("je ne vis pas en dehors de l'écriture" reconnaissait-elle en 1996 10

peut-être pourtant rattrapée par un désenchantement profond qui la tient éloignée de ses textes. C'est l'aveu qu'elle fait en 2005, tout en reconnaissant travailler sporaidquement à un roman lorsqu'elle se desserre l'emprise d'un nihilisme fataliste qui ne lui laisse que peu de répit.".



Marie-Thérèse Lathion



1 notes : In "Ecrire c'est presque suicidaire", entretien mené p ar Philippe Savary, Le Matricule des Angles, 14, 1996, p.21
2. L'analphabète. Recit autobriographique, Ed. Zoé, 2004, p.40
3. Idem, p55
4. Idem., "langue maternelle et langues ennemies" pp.21-24
5. Seul, 1995
6. In "Agota Kristof, best-seller mondial", entretien mené par Bertil Galland. Le nouveau Quotidien, 09.05.1993, P. 17
7. C'est égal, Seuil.
8. Les trois volumes ont paru au Seuil.
9. Le Troisième Mensonge
10. In "Ecrire c'est presque suicidaire", art. cit. p.21



LES BAMBOCHES
| 27, avenue du Devin-du-Village | 1203 Genève (Suisse)
Directrice artistique et diffusion : Katia Larvego-Ringger | +41 (0)78 638 20 02 | larvego.katia@bluewin.ch
Diffusion et médias Anne Wyrsch +41(0)76 424 74 63 | anne@lesbamboches.ch